Flambée des tarifs douaniers pour les importations de marchandises par conteneur, représailles de la France en matière de visas qui impactent les professionnels du TIR (Transport International Routier) : la compétitivité de la logistique marocaine est mise à mal. Mais c'est aussi une opportunité pour le Royaume de mieux se positionner sur la carte du commerce mondial.
Derb Omar, dans la capitale économique Casablanca, comme dans tous les grands marchés du Royaume, c'est l'incompréhension qui prévaut.
De mémoire, jamais une flambée des prix des produits importés n'a été observée au Maroc. De 40 000 dirhams, le tarif d'importation d'un conteneur de 40 pieds en provenance de Chine est passé à environ 200 000 dirhams.
"Le plus grave dans cette histoire, c'est que la valeur des marchandises importées dans un conteneur ne dépasse pas 100 000 dirhams, alors que le transport seul coûte le double", explique un professionnel du secteur maritime.
En raison de cet effet domino, presque tous les prix ont augmenté sur le marché, non sans impacter le pouvoir d'achat du consommateur final.
La facture du Covid
Cette flambée des tarifs du transport maritime par conteneur n'est pas le cas exclusif du Maroc. C'est la planète entière qui continue de payer la facture de la crise économique provoquée par le Covid-19.
Lorsque plus de la moitié de la population mondiale a été dramatiquement confinée au printemps 2020, au plus fort de la crise sanitaire, le commerce international s'est arrêté.
En conséquence, des millions de conteneurs qui avaient quitté "l'usine du monde", à savoir la Chine, sont restés bloqués à l'extérieur pendant plusieurs mois.
Lorsque les échanges ont repris, la priorité a été donnée par les armateurs mondiaux aux destinations les plus rentables. Et c'est tout naturellement que les Etats-Unis ont été la destination la plus intéressante pour le trafic de conteneurs, aux côtés de l'Europe.
Des taux qui devraient baisser
Les destinations secondaires comme le Maroc (par rapport aux marchés américain et européen) en font les frais, car il est difficile de leur trouver des conteneurs.
"Pire, lorsque le conteneur en provenance de Chine arrive au Maroc, il repart vide. Pour les armateurs, ce n'est pas du tout rentable. Ils ont préféré chercher ailleurs", affirment les professionnels du secteur maritime. Toutefois, ils estiment que cette situation ne durera pas, et s'attendent à une baisse des tarifs prochainement.
Mais, pour l'instant, la Chine laisse faire car cela ne menace pas encore sa compétitivité. Du côté des commerçants marocains, il est de plus en plus difficile de supporter la facture. Nombre d'entre eux sont contraints d'arrêter leurs importations, dans l'attente d'un déblocage. Ils vivent cette situation depuis au moins 4 mois !
Le TIR au ralenti
D'autres acteurs sont également dans la tourmente depuis au moins un an. Il s'agit des conducteurs du transport routier international (TIR).
Mardi 28 septembre, le porte-parole du gouvernement français, Gabriel Attal, a enfin dit tout haut la politique d'ation appliquée par la France au Maroc.
Les professionnels du TIR sont parmi les premières victimes. Depuis plusieurs mois, ils ne parviennent pas à obtenir de visa pour transporter leur cargaison en France. Les différents courriers envoyés aux autorités marocaines n'ont rien donné.
"Le développement du TIR est ralenti. Le problème, c'est qu'avec cette politique de restriction des visas, le Maroc et ses partenaires européens vont en payer le prix. Nous faisons partie d'un puzzle dans lequel tout le monde est essentiel", ont déclaré les transporteurs marocains.
A cet égard, il faut savoir que chaque année, près de 400 000 traversées vers l'Europe sont effectuées par les professionnels du TIR. Ce qui signifie l'interconnexion avec les voisins du nord.
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Une interconnexion qui devrait enfin pousser le Maroc à se positionner comme une destination dans la chaîne de production mondiale.
Les difficultés d'importation des conteneurs en provenance de Chine, combinées au blocage des chauffeurs du TIR, devraient sonner comme un avertissement, mais aussi marquer le déclic pour que le Maroc profite enfin pleinement de son potentiel stratégique pour passer d'un acteur qui subit les méfaits du commerce mondial et les humeurs de son voisinage, à un acteur de régulation et de sécurisation du commerce mondial.
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