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Concession du Nouveau Chantier Naval du port de Casablanca, quels scénarios pour sortir de l’impasse ?

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Il semblerait que l’on soit arrivé à une situation de blocage au niveau de la concession du nouveau chantier naval du port de Casablanca.

 

En effet, la plupart des échéances qui ont été annoncées par l’ANP pour l’attribution de la concession n’ont jamais été respectées et pour causse les prétendants ne se bousculent pas au portillon.

La surcapacité au niveau mondial en termes d’infrastructures navales et la crise économique ont découragé plusieurs grands groupes internationaux de voir du côté du Maroc. De même, il faut le reconnaitre, l’ANP a failli dans sa gestion du dossier, notamment au niveau du schéma de concession proposé.

Alors que le cabinet conseil qui accompagne l’agence pour le placement de la concession, devait mener pour le compte de celle-ci une campagne marketing au niveau international pour la promotion de cette offre inédite en termes d’infrastructures navales au Maroc et au niveau de l’Afrique du Nord, celui-ci n’a pas été au rendez-vous.

De même, l’ANP est resté figée dans son approche, puisqu’elle a voulu placer l’ensemble de l’infrastructure du nouveau chantier naval (Cale sèche, plateforme élévatrice et darse) en un seul lot, alors qu’aucun prétend n’en a montré ni la capacité, ni l’intérêt pour un telle formule, puisque chaque infrastructure du chantier naval adresse une clientèle différente.

Pour sortir de cette impasse, plusieurs experts que nous avons consultés, ont émis des propositions parmi lesquels l’allotissement de la concession. Ainsi, l’infrastructure devrait être divisée en lots qui pourraient être concédés à plusieurs opérateurs : la cale sèche par exemple, serait destinée à un opérateur de construction ou de réparation de grosses unités, alors que la plateforme élévatrice pourrait être adjugée à un opérateur de taille moyenne ou un groupement d’entreprises de petites tailles. La darse elle, pourrait être destinée à un operateur de petite taille ou rester en gestion par l’ANP elle-même.

Un autre scénario, qui semble lui être plus privilégié par l’ANP et certainement d’autres centres de décisions au Maroc, serait d’inscrire la concession de la nouvelle infrastructure navale du port de Casablanca dans le cadre d’un partenariat stratégique militaro-industriel entre la France et le Maroc pour doter le Royaume d’une industrie militaire navale nationale et répondre aux besoins de la Marine Royale.

Le récent prêt de l’Agence Française de Développement (AFD) à l’ANP de plus de 100 Millions d’euros et l’adoption par le dernier Conseil des Ministres d’un projet de loi portant sur la fabrication, le commerce, l'importation, l'exportation, le transport et le transit de matériels et équipements militaires en établissant un système d'autorisation pour l'exercice de ces activités et un système de suivi et de contrôle des documents, constituent des prémices importants qui plaideraient en faveur de ce scénario.

Mais le seul hic, c’est que si le partenaire Français est tout désigné pour participer à ce projet à savoir Naval Group, le leader mondial de l’industrie navale militaire, du côté marocain, ce dernier ne l’est pas encore.

Des premières indiscrétions du projet de loi sur l’industrie militaire au Maroc, les sociétés opérants dans cette activité devraient être détenues en majorité par des intérêts marocains.

Si cela se vérifie, les partenaires marocains qui peuvent justifier d’une capacité financière et d’une expertise métier pour participer à ce projet ne semblent pas courir les rues, selon plusieurs sources, seule Marsa Maroc pourrait aujourd’hui jouer ce rôle et qui s’inscrirait en complémentarité de son champ d’activités qu’est la gestion de l’infrastructure portuaire : que cela soit des terminaux ou une infrastructure de construction ou de réparation navale.

Cette hypothèse qui semble la plus logique nécessiterait néanmoins une décision en haut lieu qui imposerait celle-ci, en effet, le top management actuel de Marsa Maroc est connue pour son incapacité à être volontariste sur des sujets qui le sortent de sa zone de confort.

En tout cas, il est évident qu’aujourd’hui la concession du nouveau chantier naval du port de Casablanca est sur la dernière ligne droite et que les prochains jours seront certainement décisifs.

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