Stratégie logistique nationale : Déploiement au ralenti

Logistique
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LE FONCIER LOGISTIQUE, LES COÛTS ÉLEVÉS ET LA FORMATION SONT LES PRINCIPAUX OBSTACLES AU DÉVELOPPEMENT DU SECTEUR. LE COÛT DE LA LOGISTIQUE EN POURCENTAGE DU PIB FLUCTUE ENTRE 18% ET 20% SELON LES ANNÉES ALORS QUE CE COÛT SE SITUE ENTRE 12% ET 15% DANS LES AUTRES PAYS MATURES.

Le secteur de la logistique n'a pas échappé aux retombées économiques et sociales de la crise sanitaire. Son caractère transversal dépend de nombreux secteurs fortement corrélés à l'impact de la crise sur le tissu productif national.

Mais au-delà de l'effet pandémie, ce secteur qui contribue à pas moins de 5,5% du PIB (en 2019) pour une valeur ajoutée de 56 milliards de DH, continue de faire face à de nombreux défis intrinsèques à l'activité.

Par rapport au PIB, le coût de la logistique oscille entre 18% et 20% selon les années, alors que dans d'autres pays matures sur le plan logistique, ce coût se situe entre 12% et 15%.

Lors d'un récent webinaire organisé par la Chambre de commerce britannique, Nicolas Bourdon, directeur logistique du groupe Timar, a illustré la situation en affirmant que les coûts logistiques au Maroc sont proches de ceux de la région parisienne.

Selon lui, l'enjeu de la formation resterait "capital", pour doter le secteur de compétences et de ressources humaines qualifiées en adéquation avec le marché du travail.

Il faut dire que malgré des avancées significatives ces dernières années en termes de formation aux métiers de la logistique et d'amélioration des principales chaînes logistiques du pays, ces deux points constituent les principaux défis à relever pour réaliser la stratégie nationale de logistique à l'horizon 2030 qui vise à réduire ces coûts de logistique à 15% du PIB national à l'horizon 2030.

Le faible taux d'externalisation des activités logistiques est un autre défi du secteur. Il se situe entre 14 et 15% (contre 60% dans d'autres pays).

Un expert approché explique que la plupart des entreprises marocaines n'adhèrent pas encore à cette culture d'externalisation de la fonction logistique, souvent par peur de perdre le contrôle de la chaîne logistique en cas d'externalisation mais aussi par méconnaissance des avantages économiques de l'externalisation.

Cependant, il affirme que depuis la crise sanitaire, les entreprises sont moins réticentes à cette idée. Dans cet ordre d'idées, El Mustapha Dahmani, directeur des risques spéciaux et du développement international chez AtlantaSanad, confie que "la demande d'externalisation des services de transport et de logistique a considérablement augmenté".

Ainsi, "plutôt que d'investir dans de nouvelles ressources humaines ou de nouvelles infrastructures, la décision d'externaliser peut être beaucoup moins coûteuse pour l'entreprise", affirme notre expert.

Bien entendu, avant d'entamer le processus d'externalisation, l'entreprise doit évaluer la faisabilité du projet. Elle doit être consciente du risque que comporte cet exercice, d'où l'importance de réaliser une cartographie des risques et de disposer d'un plan de continuité, toujours dans l'optique de se prémunir des risques.

Un dernier point, et non des moindres, constitue également un défi majeur pour le secteur de la logistique. La rareté de l'immobilier logistique.

Jusqu'à présent, le développement de l'immobilier logistique a été freiné principalement par le coût élevé des terrains. La situation est nettement plus évidente dans les zones urbaines où les terrains sont à la fois rares et chers.

"Le développement de cette liaison logistique dépendra exclusivement du degré d'implication des acteurs publics et privés, mais aussi du soutien indéfectible de l'État, afin d'assurer l'investissement privé dans le développement de l'immobilier logistique", conclut l'expert.

Tanger Med, une success story marocaine

Lors du webinaire organisé par Britcham, les intervenants ont souligné les progrès considérables réalisés par le Maroc.

" Le port de Tanger Med est un exemple de réussite marocaine ", a déclaré Nicolas Bourdon, ajoutant que Timar l'a choisi comme hub continental avec une zone franche de 7 000 m2 dédiée aux MAF (advanced warehouse supplier).

Zeyd Fassi Fehri, PDG de la compagnie maritime britannique United Seaways, a certifié que "les ports d'Agadir et bientôt de Dakhla vont renforcer la position du Maroc et offrir de nouvelles opportunités aux exportateurs marocains".

Enfin, les intervenants se sont accordés à rappeler la place stratégique du Maroc en tant que hub africain. Un continent qui est devenu aujourd'hui un véritable relais de la croissance mondiale.

Avec une classe moyenne de 150 millions de consommateurs en plein développement, l'Afrique sera sans doute demain le moteur de la croissance mondiale, mais devra relever des défis structurels internes et externes, pour faciliter les échanges entre les marchés africains et s'arrimer à la chaîne de valeur mondiale.

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