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« Démondialisation » des CVM: une opportunité pour l’agro-industrie marocaine

Commerce Exterieur
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La « démondialisation » des chaînes de valeur mondiales (CVM) constitue une opportunité pour l’agro-industrie marocaine dans l’espace euro-africain, selon un policy paper publié par l’Institut marocain d’intelligence stratégique (IMIS) sous le titre « l’industrie agroalimentaire: le Maroc futur champion régional ? ».

 

« Des opportunités se dessinent, avec le raccourcissement des chaînes de valeur et la recherche de relocalisation en Europe. Le développement de la demande pour les végétaux à forte valeur nutritive et ajoutée et pour les produits bio offre au Maroc des possibilités pour augmenter ses productions, tant fraîches que transformées », indique cette étude élaborée par Ahmed Azirar, directeur de recherche au sein de l’IMIS, Aicha Kortbi, consultante en agro-industrie, et Ahlam Mohammadi, professeure à l’Université Euro Méditerranéenne de Fès (UEMF).

Et de poursuivre qu’en matière de respect de l’environnement, le Maroc a également des atouts certains à faire valoir.

« Des atouts que le Royaume devrait mettre sur la table dans ses négociations d’un accord de libre-échange rénové avec l’Union européenne (UE), en vue d’une plus grande complémentarité entre les chaînes de valeur marocaines et européennes », soulignent les auteurs de ce policy paper, ajoutant que ce nouvel ordre économique et commercial présente également de nouvelles opportunités pour le Maroc dans l’espace méditerranéen, perçu jusque-là comme une zone de concurrence.

Les cas de la Turquie et de l’Egypte sont à cet égard intéressants à examiner, relèvent-ils, expliquant que ces deux pays constituent pour le Maroc des concurrents importants et accaparent des parts de marchés croissantes dans le secteur agro-industriel, aussi bien sur les marchés internationaux ciblés par les opérateurs marocains que sur le marché interne où ces deux pays ont augmenté de manière sensible leurs expéditions de marchandises.

Ceci intervient pourtant au moment où de grandes possibilités de cumul de valeur ajoutée entre les pays sud-méditerranéens pourraient dynamiser les investissements industriels conjoints.

Par ailleurs, ladite étude relève que la nouvelle perspective de partenariat entre le Maroc et Israël offre une fenêtre stratégique sérieuse. Dès la reprise des relations diplomatiques courant décembre 2020, les deux pays ont signé un mémorandum d’entente portant sur l’innovation et le développement des ressources en eau, et plusieurs autres accords dans le domaine agricole.

« En effet, Israël est l’un des pays qui a su gérer au mieux le stress hydrique en utilisant des techniques innovantes en matière d’irrigation, assurant économie d’eau et efficacité. Dans le désert du Néguev au sud, célèbre par son aridité quasi constante, plusieurs exploitations ont vu le jour. Il s’agit ainsi d’un laboratoire à grande échelle qui a connu la mise en œuvre de plusieurs programmes agricoles de développement dans différentes filières », fait remarquer la même source.

Israël, de surcroît « start-up nation » grâce à ses 6.000 unités, compte la plus grande concentration mondiale d’entreprises innovantes par rapport au nombre d’habitant (1 pour 1.500).

Ces entreprises investissent dans différentes activités porteuses, comme les nouvelles technologies, les télécoms, l’agriculture ou la biotechnologie, notent les auteurs, ajoutant que le Maroc nourrit l’ambition de mettre à profit cette expérience pour donner un nouvel élan au développement des start-up locales.

Selon eux, cette coopération nouvelle peut se matérialiser notamment dans la niche du cannabis, où la méthode israélienne offre au Maroc un modèle inspirant qui peut être attractif d’investissements étrangers. Autorisé depuis les années 2000 en Israël, l’usage médical et l’exportation du cannabis est devenu pour le pays un atout pharmaceutique et agricole majeur.

Et avec près de 50.000 hectares de culture de cannabis, le Maroc pourrait également bénéficier, d’après les auteurs, d’un boom économique grâce à l’industrie du cannabis thérapeutique, surtout après la légalisation en décembre 2020 de la culture du chanvre pour les usages thérapeutiques.

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