Exploitation des petits pélagiques : Mme. Driouich appelle à une approche régionale coordonnée

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Rabat - La secrétaire d'Etat chargée de la Pêche Maritime, Zakia Driouich, a appelé, jeudi à Rabat, à se fédérer dans le cadre d’une approche régionale coordonnée pour relever les défis liés à la surexploitation des petits pélagiques et aux effets du changement climatique.

"Cette approche régionale coordonnée doit être fondée sur la science, la concertation et le partage d’expertise, pour relever les défis liés à la surexploitation des petits pélagiques et aux effets du changements climatiques", a indiqué Mme Driouich qui intervenait lors du coup d’envoi de l'atelier international "Petits pélagiques face à la surexploitation et aux changements climatiques : un grand défi pour une gestion adaptive et durable".

Dans ce sens, elle a expliqué que la surpêche, les méthodes de transformation non durables et le changement climatique mettent ces ressources en danger, compromettant ainsi les bénéfices économiques qu'elles génèrent, notamment en matière d’emplois, d’exportations et de sécurité alimentaire, relevant l’importance d’agir collectivement, lucidement et efficacement.

Et de noter que cet atelier international a pour objectif de croiser les regards, apprendre des autres écosystèmes d’upwelling, identifier des solutions concrètes, fondées sur la science et la coopération et faire émerger une vision partagée pour une gouvernance collective plus adaptative et résiliente.

"Cet atelier s’inscrit pleinement dans la vision de Sa Majesté le Roi Mohammed VI pour la protection des océans et la préservation durable de leurs richesses au service des générations actuelles et futures", a rappelé la responsable.

Mettant l’accent sur l’importance stratégique des petits pélagiques pour la sécurité alimentaire, la santé des écosystèmes marins et le développement de l’économie bleue, Mme Driouich a fait savoir que cette pêcherie présente environ 40% des captures mondiales de poissons et constitue une source essentielle de protéines pour plus de 2,5 milliards de personnes à travers le monde.

Ainsi, elle a mis l’accent sur le rôle essentiel des petits pélagiques dans la résilience des communautés côtières, en particulier en Afrique de l’Ouest, ajoutant que les petits pélagiques ne sont pas seulement des espèces marines, mais le cœur battant des écosystèmes d'upwelling et le socle de l’économie bleue dans de nombreux pays, notamment ceux de la façade atlantique Africaine.

De son côté, le représentant de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) au Maroc, Alexandre Huynh, a relevé que la surexploitation des ressources aquatiques demeure un défi mondial urgent, précisant que 35,5% des stocks de poissons dans le monde sont considérés comme surexploités.

Il a mis en avant les actions entreprises par la FAO pour appuyer les pays dans la lutte contre ce phénomène, notamment à travers le Code de conduite pour une pêche responsable, les directives techniques sur l’approche écosystémique des pêches et de divers programmes qui soutiennent les pays partenaires dans l’application d’une gestion écosystémique des pêches.

Pour sa part, le directeur général de l'Institut National de Recherche Halieutique (INRH), Mohamed Najih, a affirmé que les petits pélagiques représentent un potentiel halieutique considérable et jouent un rôle fonctionnel essentiel au sein de leur écosystème, relevant que les dernières données scientifiques font état d’une réduction préoccupante de la biomasse et d’une pression de pêche dépassant, dans certaines zones, les limites biologiques confortables.

  1. Najih a insisté sur la nécessité d’un suivi scientifique rigoureux, régulier et régionalisé, fondé sur l’analyse des tendances, la modélisation bioéconomique et l’intégration des données climatiques et environnementales.

Et de rappeler que l’INRH œuvre à intensifier ses campagnes d’évaluation acoustique et océanographique, mettant l'accent sur la nécessité d’une approche coopérative entre pays partageant ces ressources migratrices, afin de bâtir une coopération scientifique régionale plus structurée, plus ambitieuse et plus opérationnelle

Cet évènement a été marqué par la signature de deux mémorandums d’entente visant à consolider la coopération scientifique et l’échange de données environnementales pour une meilleure gestion durable des pêcheries. Le premier entre l'INRH et Mercator Ocean International (France), et le second entre l'INRH et First Oceanographic Institute (Chine).

Cet atelier, qui se tient sur deux jours s’inscrit dans la dynamique de réflexion scientifique autour des enjeux de durabilité des ressources de petits pélagiques, dans un contexte marqué par l’effort de pêche et les effets du changement climatique impactant l’état des pêcheries.

À travers cette initiative, le Maroc réaffirme son engagement en faveur d’une gestion des ressources halieutiques fondée sur la science, la durabilité et l’inclusion, en cohérence avec les objectifs de la Journée mondiale de l’alimentation, qui plaide pour des systèmes alimentaires résilients, équitables et respectueux de l’environnement.